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Pèlerins aux pieds nus

Simone Mayor sculpte des figures humaines, que souvent elle nomme « anges »,  depuis près de vingt-cinq ans. C’est cependant la première fois que l’artiste donne à ses créations l’allure de pèlerins en marche. 

En dépit de la densité de la matière, bronze ou terre cuite, ces figures en mouvement incarnent la légèreté de l’être inhérente au pèlerin, cet humain détaché des biens matériels, livré corps et âme à l’appel du chemin.

II se pourrait aussi que ce dépouillement soit le signe d’un destin inclément, qui pousse tant d’hommes et de femmes à prendre la route vers un ailleurs inconnu. Pèlerins extrêmes, auxquels l’existence ne peut plus rien enlever, sauf le souffle qui les fait avancer.

En voilà un que l’épuisement force à l’arêt, tandis que les autres continuent. Simone Mayor a parcouru, dit-elle, « des bouts de chemins vers Saint-Jacques ». Elle sait que le premier jour, « on part la tête pleine d’idées, puis petit à petit, on se vide, on s’incarne ».

Sans doute le sens ultime de l’art est-il de nous faire rejoindre ces régions de l’âme où luisent les sources de notre humanité. Ici, art et pèlerinage coïncident : n’est-ce pas en nous-mêmes que cheminent ces pèlerins aux pieds nus ? 


Pierre Rouyer est Conservateur du Musée de l'Hospice du Grand St-Bernard